Professeur de flûte traversière
Qu’est-ce qui te tient à cœur de transmettre à travers tes cours ?
Essentiellement du plaisir et une certaine rigueur dans le travail aussi. Avec ces deux ingrédients là, faire au mieux pour avoir le plus de plaisir possible à pratiquer l’instrument. La difficulté pour nous, c’est qu’on est acteur du son, il faut le fabriquer. Du coup, s’il n’y a pas d’entraînement et de persévérance, ça devient difficile. Lors des premiers cours, les élèves sont parfois surpris de la façon dont on fabrique le son, mais c’est quelque chose que l’on arrive à bien gérer.
Tu arrives à leur faire jouer des morceaux assez rapidement ?
Oui, avec les plus petits on démarre par des comptines. Facilement, avec trois notes, on peut faire des choses intéressantes dès les premiers mois. Et puis après, ces trois notes deviennent quatre, cinq, six, sept et par la suite, ça va très vite. Au bout de six ou sept mois, quand on a un éventail de notes un peu plus large, il y a un pallier à franchir. Il faut bien travailler, bien s’entraîner pour mieux appréhender les différentes hauteurs de son. Pour jouer dans le grave ou dans l’aigu, il faut varier la manière de souffler. Il faut être conscient de cette difficulté.
Quel type de répertoire fais-tu travailler ?
Pour les plus jeunes ce sont d’abord des comptines car il y en a sur trois, puis quatre notes. En plus, c’est un répertoire connu. Du coup, ça facilite l’émission du son et ça évite l’appréhension de l’instrument. Ensuite, je leur fais jouer beaucoup de musique du monde : des mélodies sud-américaines qui sont souvent sur des gammes pentatoniques, donc avec moins de difficultés que la musique classique ; ou de la musique irlandaise, quelques mélodies très simples ; il y a aussi un répertoire au XXème siècle très intéressant, car composé par des pédagogues reconnus. La flûte traversière peut jouer quasiment tous les répertoires. C’est un instrument très ouvert. Et puis, je m’aperçois aussi qu’à mesure que les élèves avancent en niveau, ils sont demandeurs de musique classique. On joue du Mozart, du Bach, du Haydn, Debussy, Ravel, Fauré… sans oublier le Baroque, période très riche en répertoire. On a toujours eu une belle école de flûte avec un répertoire très varié.
Je fais aussi beaucoup d’arrangements que je fais jouer à mes élèves. J’ai arrangé les Mikrokosmos de Bartók, les Variations Goldberg de Bach et en ce moment je travaille sur de la musique irlandaise.
Tu leur fais faire de l’improvisation ?
Oui, on peut aussi. Il y a quelques méthodes avec des morceaux assez simples. L’improvisation peut se pratiquer sur bons nombres de musiques, du traditionnel avec comme base la gamme pentatonique, et bien sûr le blues, le jazz… C’est un répertoire que l’on aborde toujours à un moment ou un autre du cursus. Il y a aussi la musique contemporaine qui nécessite des modes de jeu particuliers. Quand on en connaît les premiers éléments, avant d’aller plus avant dans ce domaine, il faut attendre qu’il y ait une bonne maîtrise de l’instrument pour vraiment pouvoir être à l’aise dans ce style. Je suis partisan du son et je préfère que le son soit bien en place avant de leur demander de le "déconstruire".
Fais-tu pratiquer la musique d’ensemble à tes élèves ?
Dès que c’est possible, je fais très volontiers faire des duos, des trios de flûtes traversière. Quand ils ont un travail abouti, ils vont le jouer en audition et le partagent. Je trouve aussi très intéressant d’ouvrir vers les autres instruments parce que je reste persuadé que la flûte a vraiment sa place dans la musique de chambre. Dès qu’ils sont en mesure de venir et qu’ils sont disponibles, je les encourage à venir à l’orchestre. Le jeudi soir, j’ai aussi un atelier pour l’ensemble de flûte. Vient qui veut, mais j’essaie d’harmoniser les niveaux. Il y a quelques années, on avait fait des échanges de classe avec l’Ecole de musique de Sorgues et on avait monté un orchestre de flûtes. Mais ça n’est pas quelque chose que l’on fait tous les ans.
Tu peux nous décrire ce projet avec l’Ecole de musique de Sorgues ?
Il y avait les classes de Pierrelatte et de Saint Paul, celle de Sorgues, celle du Pontet, de Vaison-La-Romaine, de Cavaillon et je dois en oublier. On était bien 80. On a joué une création de Philippe Dulat qui s’appelait Mandala. C’est de la musique contemporaine, mais écrite, avec peu de modes de jeu, complexe rythmiquement. Il a fallu beaucoup, beaucoup travailler. On s’est rassemblés sous forme de stage trois journées en amont du spectacle. C’était une expérience enrichissante. Ce n’était pas ouvert aux touts petits, plutôt aux cycles II et aux cycles III.
Il n’y avait que des flûtistes ?
Oui, mais comme la famille de la flûte est assez vaste avec la flûte basse et la flûte en sol, - il y avait aussi deux flûtes solos, et des piccolos -, l’éventail instrumental était assez ouvert.
Ça a permis aussi de jouer d’autres pièces écrites pour orchestre de flûtes qui étaient très intéressantes.
La plus jouée, c’est la flûte « en ut » ?
Oui, on dit flûte traversière en ut. En général, on dit la flûte traversière. Ce serait la flûte « soprano ». La flûte piccolo, c’est la « sopranino », elle sonne une octave plus haut. La flûte « alto » descend comme le violon au sol grave et a un son très chaleureux. Et la flûte « basse » sonne une octave plus bas que la flûte. La flûte basse est plus grande et plus lourde. Les petits ne peuvent pas la commencer tout de suite.
Tu fais travailler toutes ces flûtes ?
Oui, on a la chance de les avoir toutes dans l’école. La flûte piccolo est souvent jouée par le biais de l’orchestre. C’est l’instrument le plus aigu de la famille des instruments. Dans un orchestre symphonique avec 120 musiciens qui jouent à « fond », on l’entendra toujours du fait qu’il est vraiment dans une tessiture très aigüe. Quand tu es dans l’aigu, il faut envoyer beaucoup d’air. Il faut aussi une grande précision d’embouchure, car forcément le trou est beaucoup plus petit que pour les autres flûtes. C’est à la fois physique et très délicat. La flûte alto souvent, je la fais travailler volontiers pour la musique irlandaise.
A partir de quel âge fais-tu commencer la flûte traversière ?
Idéalement pas avant 6 ou 7 ans. Par expérience, quand ils commencent plus jeunes, c’est plus lent au début : il faut arriver à coordonner le fait de souffler et de changer de doigt en même temps. Du coup, on passe beaucoup de temps sur ces fameuses trois notes. Il vaut mieux commencer un peu plus tard et avoir déjà plus de capacités physiques. L’entrée au CP me semble être un bon moment pour débuter : les enfants mettent en place des connexions avec la lecture, et sont plus disposés à être dans l’apprentissage qu’en maternelle. Maintenant, si un enfant à 5 ans est particulièrement grand et éveillé, il peut commencer.
Et on peut commencer à tous les âges, ado ou adulte !
Pourrais-tu nous conseiller quelques liens de musique que tu affectionnes particulièrement ?
Excellent groupe de musique Irlandaise (compos et traditionnelle) : tapez Flook sur Youtube et laisser vous séduire…
Un exemple de quatuor et de mix de thèmes traditionnel :
Sonate pour flûte, alto et harpe de Claude Debussy :
Pavane pour chœur et orchestre de Gabriel Fauré :
Adagio du quatuor en Ré Majeur de W.A. Mozart :
Concerto Brandebourgeois n°5 de J.S. Bach :
Pour découvrir Jean-Mathieu en tant qu’artiste dans son trio de flûtes traversières :
https://myspace.com/lesmurmuresdeole
https://www.youtube.com/watch?v=e8P-7wE99Ek
Interview réalisée par Julia Fayolle le 01/02/2017